De l'attitude de Zweig face à la guerre

Lorsque la guerre a éclaté, Zweig a fui. Malgré les demandes insistantes de nombreux contemporains, il a refusé de prendre parti ouvertement contre le nazisme : à part quelques textes ou conférences, il est resté silencieux. Il a cependant aidé certaines familles à s'échapper, par exemple en leur donnant de l'argent. Enfin, son suicide a été vu par certains comme une preuve de lâcheté et de désespoir, qu'en sa qualité d'homme public, il n'avait pas le droit de donner, d'autant que c'était une des personnes qui - en apparence tout du moins - souffrait le moins de la guerre, réfugié qu'il était en Angleterre puis au Brésil (sur ce dernier point voir la dernière pages des "Aspects de Stefan Zweig", intitulée "Réflexions" : ce qu'on dit certains de ses contemporains en apprenant son suicide.).

Que pensez-vous de l'attitude de Stefan Zweig face à la guerre ?

Les réponses

Le 22/11/1999

Stefan Zweig n'est pas mon auteur préféré pour rien : il me ressemble. Je n'imaginais pas qu'il pourrais y avoir autant de points communs entre une jeune fille de la fin de ce siècle et un homme qui n'a pas vu la fin de la deuxième guerre.

Je crois que Stefan Zweig était profondément altruiste et empathique. Plus que l'absurdité de l'absurdité de la guerre, c'est l'horreur qu'elle engendrait qui l'a choqué. Il attendait des êtres humains qu'ils soient supérieurs à leurs instincts de haine et de destruction mais il a été déçu. La Vienne qu'il tenait pour capitale européenne de la culture et de l'intellect s'est elle-même soumise à un régime aveugle et violent.

Certains ont du mal à comprendre qu'on puisse être déçu par l'attitude des autres êtres humains au point de se donner la mort. Mais ces gens-là ne peuvent certainement pas percevoir toutes les souffrances des autres et peut-être n'y attachent-ils aucune importance. Zweig attendait un monde de paix et de progrès, une Europe unie, symbole de l'humanisme. Il a vu par deux fois cette Europe chérie se déchirer pour de sombres prétextes qui ne reflétaient que l'incapacité de peuples à se comprendre et à s'accepter.

Je ne peut pas dire qu'il ait été courageux. Mais je ressens parfois une telle décption vis-àvis du genre humain, que je ne peux que le comprendre. Nous avons besoin d'idéaux pour vivre et ceux de Zweig n'ont pas survécu à cette stupidité que fut la deuxième guerre mondiale.

Estelle Sebene, 22 ans, Antibes.   E-mail : e_sebene@yahoo.com

Le 04/03/2000

Face au nazisme, Zweig a préféré la fuite au Brésil puis plus tard le suicide.

On pourrait juger cet acte lâche. Il aurait pu combattre ce fléau au côté de la résistance, lutter ou être un de ces "francs-tireurs" si chers à Albert Camus qui combat sans rejoindre les formations règulières, en solitaire. Il l'a un peu été d'ailleurs puisque "le joueur d'échecs" dénonce en quelque sorte les expérimentations nazies sur l'isolement absolu. De plus son suicide représente également une sorte de refus plutôt qu'un renoncement.

S'il s'est ainsi retranché c'est parce qu'il n'avait plus foi en l'homme, en  tous les hommes tant le nazisme était triomphant dans toute l'Europe, surtout au moment où il s'est suicidé, en 1942. Il ne croyait plus à un retour à la paix, à la fin d'une aliénation de l'homme par l'homme. N'avait-il donc pas assez confiance en l'Homme, finalement ?. Je crois qu'il a eu au contraire trop confiance en lui, en ses ressources infinies, en sa raison. On aurait aimé, pourtant, qu'il ait la persévérance de cette "inconnue" qui a aimé toute sa vie un homme qui l'a toujours ignorée.

Carine L., 28 ans, Chartres.

Le 10/03/2000

Stefan Zweig est un de mes auteurs préférés. C'était à la fois un grand écrivain et un grand humaniste. C'était surtout un fervent Européen qui en plus appartenait à cette génération optimiste vivant au début du siècle et qui croyait en l'homme et au progrès de l'humanité, au progrès de la paix. La boucherie de la Première  Guerre mondiale a déjà apporté une cruelle déception à ces hommes alors que dire de la seconde! Tant d'idéaux anéantis! Stefan Zweig croyait tellement en l'Europe, aux progrès de la compréhension mutuelle entre les hommes qu'il n'a pu supporter cette négation totale de tout ce a quoi il avait cru. Lui qui aurait pu réagir égoïstement en se disant qu'il était sauvé puisque réfugié au Brésil a préféré se suicider.

Isabelle Rio.

Le 02/05/2000

I think Zweig's attitude towards war is:
1) the bravest attitude, and therefore the most difficult one, to hold.
2) the deepest one (from an intellectual point of view)
3) if there is such a thing as a useful attitude towards war (which I doubt), I'm sure it must be this one.

Joaquim Bosch.

Le 27/10/2000

Depuis le jour ou j'ai eu l'honneur et le plaisir de lire mon premier roman de Stefan ZWEIG, "La pitie dangereuse", j'ai été comme envoûtée par l'écriture troublante et sensible de cet homme. J'ai eu le desir ardent d'en savoir plus mais aussi de découvrir les autres merveilles que ce grand écrivain avait écrit.

Je ne me lasse pas de lire et relire des oeuvres telles que "Le joueur d'échec", "Amok" et autres chef-d'oeuvres.Je viens tout juste de decouvrir ce site, c'est pourquoi j'ai eu l'envie, en plus de répondre à la question, d'exprimer mon adoration pour cet écrivain de genie. Il a fui l'horreur de la guerre, hanté par la progression du nazisme.Certains pourront dire qu'il a été lache, pour ma part je pense qu'il était homme à vivre pour ses convictions et ...ou peut-être à mourir pour elles.Il n' a pu supporter l'idée de la victoire possible de l'intolérance, de l'antisémitisme, du xénophobisme.Ce mot qu'il a laissé à ses amis me tient beaucoup à coeur :

"Puissent-ils voir l'aurore après la longue nuit. Moi je suis trop impatient, je pars avant eux".ZWEIG fut et restera à jamais un grand homme.

Laurence B, Salon de provence, 16 ans.   E-mail : gblisson@chello.fr

Le 08/12/2000

Attitude et propos pas toujours cohérents en rapport à sa pensée profonde.

Denis Gauvin, Sherbrooke, 54 ans.   E-mail : denis.gauvin@videotron.ca

Le 14/12/2000

1) le suicide n'a jamais été une solution de courage!!!! Tout le monde sait que c'est presque toujours (sauf pour échaper à la torture, pour faire un acte fort dans des pays dictatoiaux...) une attitude de fuite (parfois compréhensible) devant l'adversité.

2)heu, il me semble plus interessant de réfléchir à un pb que de se suscider, mais bon (il a fumé le gars?)

3) Il aurait été infiniment plus utile à l'humanité que Zweig écrive des ouvrages pour que de telles atrocités ne recommencent plus, au lieu d'un suscide que peu de gens connaissent.

Bon, en gros, c'est à discuter, mais moi je pense qu'il s'est suicidé car pour lui, la défaite des démocraties représentait la défaite du genre humain, défaite qu'il n'a pu ni accepter, ni s'ériger contre en agissant activement.

Jean Lecomte, Paris, 21 ans

Le 29/12/2000

Je pense que Stefan Zweig a une attitude d'homme fuyant la guerre. Ce dernier trouve ce conflit tellement fou et démesuré qu'il ne peut l'admettre. Pour moi, sa fuite apparaît en fait comme une preuve de courage et d'opposition de la part de Zweig.

Véronique Noyon

Le 14/02/2001

Compte tenu son âge, son éducation, sa sensibilité, le suicide de Zweig me semble tout à fait cohérent. J´en veux encore d´autant plus au fascisme, au nazisme, à la barbarie, qu´il ait décidé, qu´il se soit vue forcer de décider, comme dirait Borges, le grand écrivain argentin, "de refuser tous les matins du monde" /"de rehusar todas las mañanas del mundo".

C´est avec dévotion que j´écris ces quelques lignes. Pour moi, espagnole de 57 ans, qui a lu les biographies de Zweig et la Pitié Dangereuse chez son père, à l´âge quinze ans, en plein franquisme, mes retrouvailles avec des nouvelles telles que "24 heures de la vie d´une femme" (un éblouissement, un prodige) lors d´un bref séjour à Paris, ont fait renaître en moi non seulement le désir de lire ou de relire tout Zweig (je déplore de ne pas pouvoir le lire en allemand: je ne lis que l´anglais, le français et l´espagnol) mais de mieux connnaître sa vie et sa Vienne natale, et de plus en savoir sur la remontée de l´extrême droite en Autriche, de nos jours.

Zweig a lutté contre la guerre, d´abord en pacifiste; puis, en écrivain, par son oeuvre, par la parole. Son suicide n´est pas une démission, comme le dit une des personnes qui ont répondu sur ce site. A-t-on jamais le droit de juger un suicide?

Je ne sais pas s´il y a une survie de la conscience après la mort. Comment pourrait-on le savoir? Mais si tel est le cas, Zweig, avec son élégance et sa compassion et son attention lucide, aura retrouvé, entre autres, Saint Exupéry et Miguel Hernandez, et Antonio Machado, et Wilde, et tant d´autres, sans lesquels notre vie, aurait moins de sens. Et en parlant du sens de la vie je ne peux que penser à une autre grand autrichien, Viktor Frankl, dont le parcours si différent et si proche, me ramène une fois de plus, à Vienne.

Silvia Escobar, 57 ans, Madrid.   E-mail : sescobar@arrakis.es

Le 11/03/2001

Que pouvait-il faire d'autre?

Rester en Autriche, se faire tuer et devenir un martyr? pourquoi pas , mais il ne nous aurait alors offert ni "le joueur d'échec", ni "le monde d'hier" et ça aurait été quand même dommage.

Quant à la discussion sur son suicide, elle me semble naturelle chez un autrichien qui finallement appartenait à la génération d'avant guerre. Ce qui est évident, c'est qu'en partant en 1934 de Vienne, il a fait preuve d'une vision extraordinaire (malheureusement).

Muriel, 19 ans, Paris.

Le 30/03/2001

Sommes nous des Zweig pour répondre à cette question?

Pouvons nous juger les décisions du plus grand auteur du XXeme siecle?

NON.

Je pense que S.Z. a du reflechir a deux fois avant de prendre chaque décisions, et qu'aurions nous fait à sa place...

Hughes de Bonnières, 18 ans, Levallois.   E-mail : hbw82@hotmail.com

Le 11/04/2001

L'attitude de Stefan Zweig face à la guerre rejoint le thème du suicide celui qu'il a commis bien sûr mais aussi celui qu'il a pensé dans la Pitié Dangereuse: Il oppose le suicide manqué du petit lieutenant sauvé par la prophylaxie experte de la ganache Boubencic. Hofmiller était seulement aux prise avec une antinomie subjective et morale. Boubencic lui était dans le réel. Et face à l'impossible barbarie; il commettra sur lui même le suicide dont il a su au cours de sa carrière,préserver de nombreuses recrues.

Le "petit lieutenant hofmiller" qui tente d'échapper à l'antinomie morale et subjective de la pitié en est empêché par la ganache Boubencic , dont la prophylaxie typiquement durkeimiene et l'efficacité, atteste que ce n'est pas son premier "sauvetage".

Ainsi la guerre pourra accueillir en son néant, les âmes perdues et les corps réservistes. Quand au "trop humain" Boubencic; il commettra sur lui même cet acte qui de la premiere à la seconde guerre mondiale continue de nous interroger.: Que peut-il y avoir après l'impossible barbarie?

Sur le suicide "Mécanique" dans les garnisons voir E.Durkeim.

Fabrice, 35 ans, Marseille.   E-mail : fabrice.d4@wanadoo.fr

Le 08/05/2001

Le suicide...pour certains il reste "le seul vrai problème philosophique"...Quelle sublime résonance trouve réflexion de Camus dans le suicide de S.Zweig.Quelles tragédies existentielles se jouaient elles dans son âme?Quelles forces fallaient-ils pour fissurer l'esprits de ce génial humaniste, jusqu'à la résignation la plus parfaite, la plus complet?Comment ce grand lecteur de Nietzsche a t-il perdu tout espoir dans la nature humaine, certes, mais avant tout dans sa propre capacités a se surpasser, en arriver a la destruction de sa volonté?

Après un déicide fort célèbre ,la pitié envers les hommes les "plus laids" ,comme le dirait l'auteur du "Zarathoustra",serait elle venue a bout du grand Stefan...Pitié devant le nazisme et son dogme construit telle une machine de guerre infaillible, pitié face a la conscience tout à coup bien sourde de ses contemporains...Pitié devant ce vaste champ de culture qu'était pour lui le monde dont le glas sonnais à grand coup d'autodafé, de sifflement de train sur le Styx, d'opéra bruyant et de bombes sur la tête du grand Ben...

Pitié et quelque part faiblesse...ce génial critique de Nietzsche ne pouvait que trop le savoir."Connaître le chemin n'est pas le parcourir" disait Confucius. Zweig savait de quelle manière les devaient lutter contre cette haine tout azimut. Il savait que ce combat serait éprouvant et que les blessures de la gangrène nationale-socialiste ne guériraient jamais totalement. Trop sensible pour lutter il préféra gravir le Golgotha. Trop sensible...mais si il ne l'avait pas été autant, si, à force de volonté, il était devenu "surhumain" nous n'aurions jamais put profiter de ses écrits...Sans cette sensibilité, cette empathie qui le mena a sa perte, point d'"AMOK".

David-rolland Guedj, 25 ans, Marseille

Le 12/01/2002

On sous-estime trop souvent l'inflence de notre vie sur ce que l'on écrit.

Pour ma part je vois dans les nouvelles de Stefan Zweig un exutoire.

Il s'est probablement servi de ses nouvelles pour extorquer ses déceptions face à la guerre, mais pas seulement...

C'est à sa vie toute entière que Zweig doit ses nouvelles, à sa première femme, à son "ami" Freud, et surtout aux méandres de son propre esprit.

Zweig ne s'est pas suicidé qu'à cause de la guerre, il s'est suicidé parce que ne vivant que de passion en passion, sa vie n'avait pour lui aucun sens.

En effet, pour moi, si Zweig a donné fin à sa vie c'est certe à cause de la guerre mais aussi et en majeur partie parce qu'il avait peur, peur de devenir fou en se laissant submerger par un torrent passionnel et perdre la chose la plus chère à un intellectuel, SON ESPRIT.

Meryll W., Altkirch

Le 06/02/2002

Je trouve que cette attitude de se suicider au lieu de voir le problème et le résoudre tout à fait dérisoire. Je n'ai lu qu'un passage du livre "Le monde d'hier" et ayant lu sa biographie, j' étais sur qu'il affronterait tout ces problèmes. Donc j'ai été très choqué de sa décision de se suicider.
Je profite pour saluer tous les élèves de Chamblandes notamment la 1m5!
amen

Karim Vitakher, 16 ans, Lausanne

Le 02/03/2002

C'est peut-être plus smple qu'il n'y paraît.

Je vai juste dire ce que je pense.

Je n'ai lu que "Le joueur d'échecs" mais j'en sais assez pour vous dire que Mr Zweig est effectivement un grand homme parmis d'autres car celui qui est un grand homme est celui qui vie selon sa philosophie. Mr zweig s'est suicidé, et tenté de répondre a cette question ne nous est pas permis sauf s'il a laissé quelque chose nous prouvant qu'il voulait transmettre queque chose.

Voila donc ce que je voulais dire. Mr Zweig est mort parce qu'il le voulait et n'essayons pas savoir pourquoi! C'est sa propre décision et laissons le reposer en paix c'est peut-être cela qu'il voulait.

Merci d'avoir lu mes opinions.

Nicolas Schiepers, 16 ans, Braine-l'alleud (Belgique)

Le 29/03/2002

Je dois tout d’abord dire, que mon opinion a une valeur relative (comme toutes les opinions, de toute façon...) parce que pour moi Stefan Zweig a été le plus grand talent littéraire en langue allemande depuis l’invention de la typographie. Il a battu les grands classiques en talent avec une si grande distance, qu’on ne peut pas même faire une comparaison.

Je ne veux dire pas ça pour faire une propagande gratuite à lui, mais exactement pour expliquer que, lorsqu’ il s’agit d’une telle personnalité, on ne peut pas simplement dire : « il a eu tort de s’en enfuir de la guerre, il a eu tort de commettre le suicide... ». Les aspects extérieurs de sa conduite son certainement lamentables, comme exemple pour la jeunesse littéraire de ces jours là. En vérité pourtant, le génie Zweig a été plus conduit par ses actes qu'il n'a déterminé se qu’il devrait faire...

Chaque personne réagit d’une façon particulière à des problèmes sociaux e politiques. Zweig a réagit d’abord avec la force géniale de son mot écrit, plus tard, lorsque les circonstances l’ont rejeté de Vienne a Londres, depuis à l’Amérique, et enfin au Brésil, il a perdu les liaisons psychologiques à ses racines familières en Vienne, il s’est rendu extrêmement déprimé (il ne faut pas oublier que à Petrópolis, où il a commit le suicide, il lisait les journaux et il avait chaque jour des nouvelles actuelles sur la guerre, car le Brésil était exactement à ce moment la rentré à la guerre) avec le succès apparent du nazisme. A ce moment là on pourrait encore bien penser que l’humanité serait bientôt transformée radicalement par Hitler.

A côte de tout ça il y a une autre aspect psychologique qu’on n’a pas tellement analysé jusqu’à ces jours: Zweig aimait la calme et le bonheur du petit jour que les guerres (la première guerre et depuis l’ascension du nazisme jusqu'à la tomée officielle de l’Autriche par Hitler) l’a avions volé. Il avait désiré être heureux à Vienne, pas à Londres ou au Brésil. Le destin l’a confronté avec une situation inusitée, qu’il a pensé ne pas pouvoir changer: Sa Vienne aimée était (dans ses pensées...) perdue pour toujours, tandis qu’il se trouvait à une place merveilleuse (Petrópolis, où il a habité avant sa mort, rappelle même une sorte de « petite Suisse tropicale », avec de petites jolies montagnes et des arbres séculaires) où il n’a avait pas des racines -- pas encore ou même jamais...

Normalement, le temps aide une personne qui est en train de lancer des ancres à une place. Zweig était, pourtant, malheureusement, une personne impatient (comme il même confesse dans sa lettre d'adieu, le jour avant de se tuer). Comme ça il n’a pas eu le temps, ni pour apprendre à aimer la beauté de Petrópolis, ni pour attendre la reprise de Vienne par les américains quelques ans après...

Je ne veut pas lancer ici une nouvelle thèse sur lui - pour moi tout ça n’est pas qu’un aspect de sa vie qui pourrait expliquer un peu pourquoi il s’est conduit et a réagit à la guerre d’une façon différente de celle des ces copains littéraires - mais je veux dire qu’il est nécessaire d'abord, lorsqu’on désire analyser la vie de l’écrivain Stefan Zweig, de détacher les deux situations: d’un côté l’esprit génial qui a marque la littérature mondiale de son siècle et d’autre côté l’être humain qui a succombé sous le poids des circonstances politiques et sociales. Après cette séparation on peut bien ajouter les pièces à nouveau pour avoir l’ensemble. Pour moi ça a été le drame de ça vie.

Amicalement,

Milton Menezes, 50 ans, Vienne (Autriche)

Le 01/11/2002

A decir verdad, poca gente como Zweig comprendió el derrumbamiento europeo que supuso la primera guerra mundial, y poca gente como él se dolió de la subida del nacionalsocialismo en Alemania y de su, consecuente, declaración total de guerra. ¿Pudo hacer algo más? ¿Se inhibió? El sólo hecho de que ya en 1934, cuando el partido nazi llevaba sólo un año en el poder, decidiera abandonar Austria, es razón suficiente para comprender su desesperación frente al nuevo orden político alemán y europeo. Sabía lo que se avecinaba. También sabía que los europeos (alemanes, austriacos, franceses, españoles, soviéticos...) no estaban dispuestos a creerlo. Y desesperó. Y hasta cierto punto los acontecimientos ulteriores le dieron la razón. Probablemente se quedó corto en su desesperación. En este sentido su actitud respecto al nacionalsocialismo, al tercer reich y a la segunda guerra mundial, es equiparable a la actitud de un pensador español, Ortega, frente a la deriva de la república del 31, y a la guerra civil española. Probablemente el pensamiento político de Zweig, si alguna vez lo tuvo, se había quedado obsoleto. No así su lucidez: veía que se derrumbaba un mundo con el que estaba profundamente identificado. Quizás la clave esté en que había idealizado un mundo que estaba adquiriendo un rostro de barbarie. Y se había dado cuenta que ese mundo, al que tanto había amado, se estaba convirtiendo en un monstruo.

Juan José Noain, 32 ans, Madrid (Espagne).   E-mail : jjnoain@hotmail.com

Le 11/11/2002

Qui peut bien juger le geste mystérieux d'un homme dont certaines facettes de l'esprit n'ont sans doute jamais été explorées que par lui ? Je peux simplement dire que le pessimisme profond de Mr Zweig à voir sa patrie spirituelle détruite l'a amené à la mort; et que tout comportement suicidaire a des origines valables,dues à un mal etre évident. Selon moi, Mr Zweig avait le droit de mettre fin à ses jours s'il jugeait, avec toute la lucidité de son esprit, qu'il en valait mieux ainsi.

Je suis jeune et n'ai pas tout appris de la vie; Mais quel comportement avoir quand vous ressentez que la société est contre vous car ses opinions officielles ne suivent pas les votres , quand vous voyez votre mère qui se meurt sous les injures et les comportements racistes et que vous vous sentez impuissant; quand , en vain,le monde autour de vous vous semble s'écrouler,et que l'odeur de la mort vous est toujours présente et vous asphyxie ? Quel comportement avoir quand le desespoir pèse dans votre ame?

L'état d'ame de Zweig ,puis sa mort, ont retracé et signifié l'envoie d'un message, ou plutot d'un SOS pacifiste face à toute cette intolérance nazie.

Emmanuelle, 16 ans, Lille (France).

Le 31/01/2003

J'ai lu presque toutes les oeuvres de Zweig saut sa pièce de théâtre "Thersite" et ce qui m'a le plus interpelée est cette puissance de compassion qu'il possèdait. Je ne crois pas qu'il est agi par lacheté ou indifférence. Il était au-dessus de toutes les bassesses humaines. Dans le joueur d'échec il montre combien il a pu être difficile aux prisonniers, aux déportés de maintenir un lien avec la vie. Cette nouvelle s'est inscrite dans le temps. Elle est un puissant témoignage de toutes ces exactions commises. En ce sens Zweig a milité contre la guerre, puisqu'il a pérénnisé la révolte et la dénonciation par la littérature. Bien plus qu'une action ponctuelle, elle s'établit dans la durée.

Ce n'était pas le rôle de Zweig d'aller sur le front ou d'entrer dans un mouvement de résistance. La résistance, il l'a faite à sa manière avec la force de l'écriture. Je crois, malgré cette oeuvre merveilleuse qu'il nous laisse, que ce grand auteur est pour beaucoup resté dans une magistrale incompréhension ! Nous sommes tous différents, certains sont faits pour l'action et d'autre pour la réflexion et le témoignage. Nous ne pouvons pas tous agir de la même façon et qui aujourd'hui pourrait dire comment il aurait agi ! C'est facile de juger ou de se poser en sauveur de l'humanité quant on n'a rien vécu !

Zweig n'était pas un "collabo", il a aidé des gens et nous laisse une oeuvre didactique, qui est un non à toute forme de domination et d'abnégation de l'être humain !

Chantal, Savigny (France). E-mail: chantal.vedel@tiscali.fr

Le 13/02/2003

Je pense que l'on a un peu trop tendance à ne se fonder que sur le suicide de Stefan Zweig pour expliquer et juger son attitude face à la guerre. Le fait que Zweig ait mis fin à ses jours dénonce, pour certains, une grande lâcheté, pour d'autres( et je fais plutôt partie de ceux-là),s'explique par l'immense déception de voir gâchés, anéantis tous les espoirs qu'il avait toujours placés dans l'humanité, sa foi en une Europe unie, son optimisme quant aux progrès de la culture et de la tolérance. Zweig a fui l'Autriche, certes, et s'est suicidé, se dérobant par là peut-être à ses devoirs d'écrivain.Mais il ne faut pas oublier non plus qu'il a, toutes sa vie, oeuvré pour la paix et l'union des peuples ( plus particulièrement celle des peuples européens);au début de la première guerre mondiale, alors que nombre de ses contemporains exaltaient le caractère héroïque des combats, Zweig s'est aliéné une grande partie de ses amis en refusant d'écrire la moindre ligne dans ce sens;alors que chaque Etat diabolisait l'Etat voisin,en pleine guerre, Zweig correspondait avec ses amis français (tels que Romain Rolland)ou italiens, et préparait avec eux les lendemains de la guerre et la réconciliation des peuples ennemis...En 1919, alors qu'il aurait pu rester confortablement en Suisse, il a choisi de rentrer en Autriche pour y vivre les heures les plus difficiles de l'après-guerre. Zweig a donc toujours agi en accord avec ses convictions pacifistes,utilisant ses talents d'écrivain pour les défendre, et il me semble que rien n'illustre mieux sa clairvoyance et son horreur de la guerre, et la façon dont il l'a combattue, que son ouvrage:Le monde d'hier.

Evelyne, 19 ans, Lyon (France).

Le 09/05/2003

Il sera toujours difficile de comprendre un tel geste de désespoir. A la lumière de son auto-biographie, on peut présumer que ce fut une douleur de chaque instant pour un homme aussi cosmopolite et civilisé d'assister à la montée du nazisme et à ses succès initiaux.

Comment prétendre pouvoir apprécier l'impact de la domination de la barbarie en Europe sur l'esprit de Stephan Zweig alors que notre génération n'a connu ni l'horreur de la guerre ni la sophistication culturelle du monde qui a précédé cette guerre?

Peut-être Stephan Zweig avait percu, à juste titre, à quel point l'époque des idées, autant en paroles que sous formes d'écrits, était révolues et que le cynisme amoral serait le nouvel étalon des relations entre les peuples des nations du futur.

Ceux qui prétendent que son geste était lâche ne peuvent pas s'imaginer à quel point il est difficile pour un voyageur de tomber en exil. Ce sont les grands voyageurs qui tiennent le plus chèrement à leur patrie.

Ceux qui prétendent que son geste était une marque de courage et une affirmation de ses opinions font fi de la nature même de son esprit sensible qui montrait une fermeté uniquement dans ses écrits.

Mon opinion personnelle est que ce geste fut posé à titre individuel. Une réflexion par Zweig et sa femme sur leur place à eux dans un monde sans Europe ni idées expliquerait le désespoir ayant dicté leur décision. Je ne peux me convaincre que la peur d'une capture par les nazis ou la colère impuissant aie pu habiter longtemps ces âmes déjà éprouvées.

Vincent, Montréal (Canada).

Le 31/07/2003

Salut!

En premier, pardonez moi mon français.

Depuis longtemps je relis suvant les seuls deux ouevres que je connais de Stefan Zweig: "Amok" et "Lettre d'une inconnue". Aujord'hui, après visiter votre page, je pense que je le connais un peu mieu, merci. Je l'aime depuis que je le connais, comme la déconnue aimait son prince.

Ce qui concerne votre question, je pense que son attitude de ne pas vouloir se mescler avec la peuvretée de valeurs humains, de ne pas vouloir être complice d'un jeu terrible et indecent, montre sa dimensitée d'être humain.

Il est un écrivant profond, humaniste, romantique, sensible, courageux, aventurier, psicologiste et mysterieux. Aussi un trés bon "chanteur" d'histoires.

Tout le bien du monde pour vous, aurevoir.

Lídia Godinho, Lisboa (Portugal). E-mail: lidia.godinho@clix.pt.

Le 14/10/2004

Tout d'abord, je tiens à souligner que Stefan SWEIG est un de mes auteurs préférés. Sa manière bien à lui de nous dépeindre un personnage célèbre, sa vie, son parcours, passionne le lecteur du début à la fin. Le ton est donné : il est vif, énergique, captivant, on ne s'ennuie pas en lisant SWEIG.

Stefan SWEIG a parfois pris des risques en rédigeant certaines biographies, notamment celles de Marie-Antoinette et de Marie Stuart, soutenant vivement certaines théories contredites par les historiens. Mais, à ma connaissance, il est l'un des premiers auteurs à avoir essayer de cerner, de découvrir, de comprendre la personnalité de ces deux reines. Il se lance, il ne se contente pas, comme dans de trop nombreux livres d'histoire lourds et ennuyeux, de nous narrer les faits historiques, il tente de suivre le cheminement psychologique de son personnage, il veut comprendre les raisons qui l'ont fait faire tel ou tel choix et il avance des explications que certains historiens, trop frileux, n'oseraient évoquer.

Et Stefan ZWEIG a raison quant il agit de la sorte.

Pourquoi ? Parc que même s'il s'est quelque fois trompé, et encore cela n'est pas aussi sûr qu'il n'y paraît (selon moi), sa façon de faire revivre un personnage, de lui redonner un corps, une âme, des sentiments, avec des joies et des fêlures, tout cela nous enchante, dans tous les sens du terme, et nous donne envie de percer les mystères de l'histoire. SWEIG nous incite ainsi à lire d'autres ouvrages sur le même personnage historique. SWEIG nous fait AIMER L'HISTOIRE.

L'attitude de SWEIG face à la montée du nazisme et à la guerre, sa fuite à l'étranger, pour terminer sa vie au Brésil, démontrent pour moi de son extrême sensibilité face à ces événements. Je perçois SWEIG comme une personne d'une grande intelligence, ouvert sur le monde, il le démontre dans ses nombreux voyage. Mais c'est un angoissé, il ne tient pas en place. Si ces déplacements lui procurent un apaisement à la fin de sa vie, il ne suffisent plus à lui rendre la force de continuer, il le dit dans sa lettre d'adieu.

SWEIG n'a pas baissé les bras face à la guerre, il a sans doute trop souffert et peut-être a-t-il aussi été terriblement déçu de la tournure des événements en Europe. Une déception si grande, si intense, qu'il a préféré fuir, une fuite pour oublier la folie des hommes. SWEIG n'est pas un combattant, ce n'est pas un idéaliste, c'est un intellectuel, pour lui tout n'est pas blanc ou noir, il sait que le monde est gris, mais il faut parfois beaucoup de fatalisme pour accepter cette grisaille. Et SWEIG est trop vivant pour être fataliste.

Isabelle, Genève (Suisse)

Le 20/02/2008

Je crois qu'il a bien fait de ne pas s'en mêler. Il est un auteur de nouvelle pas un politicien. Je trouve ca bien que certaines personnes puissent passées par dessus des évènements tel que le nazisme. c'est une attitude brave et honnête de s'afficher comme tel.

Maie, Bois-des-Filion (France).

Le 28/08/2008

j'imagine Zweig, à tort ou à raison, comme un homme profondément pessimiste. tout ce que j'ai pu lire de lui m'a donné cette impression. pessimiste et plein de culpabilité, et ceci bien avant la monté du nazisme. il a été un témoin précieux de son époque, plein de talent, ses livres m'ont beaucoup plu et passionné, même si parfois ils pouvaient m'agacer ou me mettre un peu en colère. comme dans La pitié dangereuse ou La confusion des sentiments.

loin de moi l'idée de vouloir moraliser le suicide, ni le sien ni celui de personne, ou refaire l'histoire, mais si nous prenons l'image du capitaine qui coule avec son navire... dans ce cas il serait, peut-être, passé à l'acte en Europe.

je me demande plutôt si l'exil, et la maladie de sa femme n'ont pas fini d'avoir raison des faibles forces qui lui restaient pour attendre la fin du déluge. Freud lui-même (ami intime), en bon stoïcien, avait choisi la voix de l'euthanasie, mais il était bien plus âgé et fort malade, son cancer à la mâchoire le faisait terriblement souffrir.

"maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même."

si ça ce n'est pas profondément pessimiste... d'autres se sont battus et voulu croire en un monde meilleur et combattre et vaincre la bête immonde. il a donné une image très négative à ceux qui sont restés mais peut-on en vouloir à un homme désespéré qui se suicide ? qui plus est, plus de 60 ans après et dans un tel contexte ? je ne le pense pas.

je pense beaucoup à ce sentiment de culpabilité très pesant qu'on retrouve tout au long de son œuvre.

Zweig n'a participé que vers la fin à la première guerre mondiale, occupant des postes à l'abris de tout danger, je crois me souvenir qu'il y était plutôt en observateur, comme en voyage. il fut fasciné dans un premier temps par le nazisme pour prendre relativement vite conscience de l'horreur que c'était.

c'était une personne protégé par sa position sociale, reconnue en Europe et aux Amériques, mais finalement très fragile loin de son monde. rien de particulièrement étonnant.

nous avons de la chance de vivre dans un pays et une période de paix. pourvu que ça dure.

Patrizia di Fiore, Paris (France). E-mail: patriziadifiore@free.fr

Le 04/10/2008

Si Stefan Zweig a réussi à nous marquer tous, c’est qu’il portait en lui une noblesse, un grand respect pour la vie et pour notre espèce. L’Homme qui a des principes ne peut que les défendre, se battre pour les faire valoir. Malheureusement, dans le cas de ce grand Homme, le monstre à combattre était plus fort, dominait l’Europe et voulait encore plus. Je pense que Stefan Zweig avait le choix entre être avec le diable ou sur son chemin.

Il a choisi autre chose, chercher la paix plus loin, au Brésil. Mais un tel Homme ne peut être égoïste, chercher sa paix à lui sans penser de celle des autres. Ces autres ne sont que sa famille, ses amis, compatriotes ou encore la race humaine toute entière.

Mettre fin à ses jours ne pouvait pas être un acte de lâcheté, mais une perte d’espoir et de croyance en l’Homme qu’il a admiré.

Un tel Homme mérite qu’on marche sur ses pas.

Jawad Jaafer, Oulmès (Maroc). E-mail: jawad.jaafer@gmail.com